Jour 1, mardi 5 janvier. Le soleil se lève sur un paysage féérique : une épaisse couche de neige, d'au moins 20 cm, recouvre la ville, les arbres, les maisons. Il n'y a pas un souffle de vent, pas un bruit, même les oiseaux se taisent, tout semble retenir son souffle devant un tel spectacle.
J'ai la chance d'avoir un bus pour aller à l'hopital -ou bien est-ce un traineau ? il ne roule pas, il glisse sur la neige, sans un bruit, à moins de 20 km à l'heure- le trajet qui prend habituellement 20 minutes dure une heure. J'ai l'impression d'avoir été téléportée pendant la nuit en Sibérie, ou dans l'un de ces pays blancs ou le stress aussi semble étouffé par la couche de neige, et ou on ne pense à rien d'autre qu'à la beauté du paysage, qui parait irréel.
A Manchester, les gens sont habitués à la pluie, mais pas à la neige, (qui est pourtant la même molécule...), et sont littéralement effrayés par ce coup du sort. A 9h, les bus cessent de rouler (personne ne pense à déblayer les routes). La moitié du service seulement est là, et s'amuse du fait que les deux étrangères se sont mieux débrouillées pour venir que la plupart des Anglais. A 11h, lasses d'attendre les patients de consultations qui ne viendront pas, nous nous sommes fait une raison, et retournons à nos lectures. Et la neige tombe toujours...
Jour 2. Toutes les consultations ainsi que les activités du service ont été annulées. Les écoles, l'aéroport sont fermés, les bus sont vides le matin, personne ne va travailler aujourd'hui. On nous a conseillé d'aller passer la journée au cinéma... Nous serons devant des écrans, mais d'ordinateurs, on a du travail nous, et ce n'est pas 20 cm de neige qui vont nous empêcher de vivre, non mais ;)
Les enfants étant libres, des bonhommes de neige apparaissent un peu partout, et regardent en souriant les passants avancer précautionneusement sur la neige, ou faire des acrobaties bien involontaires.
Jour 3. Il ne neige plus, mais rien ne fond non plus. Je pars plus tôt le soir pour aller faire les soldes en centre ville, et m'aperçois avec désespoir que tous les magasins sont fermés, en raison du "bad weather", il est 17h.
Jour 4. Sortie au cinéma après la journée de travail avec Nicole, Anastasia (qui est complètement déprimée de trouver toute cette neige, en rentrant de Grèce où il faisait 20°) et un de ses amis. Il fait froid, il fait glissant, les gens n'osent pas mettre le nez dehors, nous avons la salle entière pour nous !
Jour 6. Le temps se radoucit et la neige commence à fondre, sous le soleil. Les oiseaux se remettent à chanter dans l'arbre en face de chez nous, et les écureuils à pointer le bout de leur nez. Le livre que je lis en ce moment s'intitule "Le léopard des neiges", c'est un carnet de voyage racontant l'expédition, dans les années 70, dans l'Himalaya Népalaise, de deux explorateurs, un zoologiste partant étudier les bharals (sorte de mouton local) et les léopards des neiges, et l'auteur, pour qui il s'agit plus d'un voyage spirituel, sur les traces des divinités Bouddhistes, des habitants, et de lui-même.
Je cours sur la croûte de neige gelée, testant mon équilibre, en rêvant au jour où je serai sur une corniche étroite au milieu de l'Himalaya, dans le silence étouffant de la neige, avec ce même ciel étoilé au dessus de la tête.
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